PFE / Stratégie Urbaine – Approche rhizomique
Dans le cadre du projet de fin d’études d’architectures, nous avons apporté au premier semestre de master 2 à l’ école d’architecture de Lyon, une stratégie urbaine sur le site St Fons au Sud de Lyon. Une théorie basé sur le rhizome a été établi pour proposer une solution à l’évolution de ce site classé ceveso, Nous avons tenté de proposer une solution apportant une reconversion à ce quartier qui évoluera dans les 60 prochaines années, le couloir de la chimie évoluant vers la chimie verte, Les villes abritant les usines pétrochimiques sont amenées a évoluer vers la chimie verte et se densifier à long terme.
RHIZOME URBAIN 2072
Le thème du Domaine d’Etude AVP 2012 était « territoire sous contraintes ». Il nous a été proposé de travailler dans le contexte de la Vallée de la Chimie située en agglomération lyonnaise. Il s’agissait pour nous d’imager comment pourrait évoluer ce territoire à l’horizon 2072 en mettant en place un projet urbain sur un site particulier.
1/ANALYSE ET STRATEGIE
1.1 ANALYSE URBAINE
L’axe principal sur lequel se fonde notre analyse urbaine est le suivant : l’agglomération lyonnaise forme une métropole organisée selon un maillage de pôles majeurs qui permettent de créer des centralités multiples qui ont toutes vocation à devenir de nouveaux centres urbains. Cette façon de faire s’applique au moyen de grands projets tels que la Part-Dieu dans les années 70, la Doua dans les années 80, la Cité-internationale dans les années 90, le parc de Gerland, les berges du Rhône ou La Soie aujourd’hui, la Confluence ou OL-Land demain. Ces nouvelles centralités sont reliées au tissu existant par l’extension des différents réseaux afin de créer une continuité urbaine, une cohérence du tissu et non une ville en pointillé. L’approche fonctionnelle de la métropole peut ainsi être vue comme un rhizome. La métropole concentrant son effort de développement vers l’Est et le Sud, par le biais du périphérique, de la rocade, des extensions des réseaux de transports en commun ainsi que de ses grands projets comme la Confluence, le Bon lait, Gerland, Edouard Herriot et la Mulatière, il fallait répondre à cette dynamique en proposant la mutation d’un site en prévision de son raccordement futur avec la ville.
SITE ET CONSTAT
On observe dans la configuration des différentes installations sur le site que celui-ci a été pensé et réalisé très majoritairement dans une visée purement industrielle : il n’offre pas de réelles connexions avec les communes avoisinantes ou les espaces naturels remarquables, son programme est homogène et ne comporte quasiment pas de logements ou d’espaces publics. Il souffre également de sa position délicate entre la départementale D383 qui crée une barrière physique et sensorielle à l’Ouest, et la voie ferrée utilisée principalement pour l’acheminement de marchandises à l’Est. Néanmoins il profite de sa proximité avec la vallée du Rhône. Sur l’autre rive, où l’on trouve le site industriel de Pierre Bénite, on peut observer la même configuration, rive, grand axe de transport, site industriel, voie ferrée, ville, ce qui en fait des sites similaires mais totalement déconnectés l’un de l’autre, ne sachant ni l’un, ni l’autre tirer avantage du fleuve qui constitue ainsi lui aussi une limite qui semble infranchissable. Pourtant ce dernier constitue un atout majeur, au niveau du paysage et des ambiances, notamment grâce aux lônes et à l’île de la Chèvre, espaces encore préservés de toute intervention dont il faudra tirer parti. La future ville devra donc se constituer en prenant en compte cet héritage naturel, en se tournant vers lui et non en l’ignorant.
Site d intervention
CONSTAT ET PREVISIONS
En s’appuyant sur les réalités économiques et industrielles, le Grand Lyon prévoit de façon certaine la fin des activités dans la Vallée de la chimie et donc la fermeture, le déménagement ou la réhabilitation de la majorité des usines, bâtiments, et sites industriels présents sur le site. Ce constat ne prend cependant pas en compte les activités pétrolières de la raffinerie de Feyzin, plus au Sud, dont on peut imaginer que l’avenir est tout de même incertain puisqu’il est lié aux réserves de pétrole. Cette vallée devient alors un vaste territoire à reconquérir pour la métropole en constant développement qu’est Lyon. Elle offre de nombreux sites privilégiés, naturels ou bâtis, avec de nombreuses vues sur la ville ou sur les qualités naturelles du fleuve. Cependant, ce site aux activités industrielles lourdes vieilles de plus d’un siècle, nécessitant des aménagements considérables dont de nombreux raccordements aux réseaux, en fait un vrai territoire sous contraintes qui s’atrophie peu à peu. La question que nous devons nous poser devient alors : Comment reconquérir ce territoire et faire en sorte qu’il fasse partie de la future et potentielle extension de la ville lyonnaise ?
STRATEGIE 2072 …
Le territoire Rhône-alpin fonctionne depuis plusieurs décennies sur le système du rhizome: la planification, la valorisation et la construction de sites attractifs et remarquables au cœur ou aux limites de la ville et leur mise en relation avec le tissu de pôles et de réseaux existants, permettent une interconnexion des activités et des flux dans la ville sans discontinuité du tissu urbain. La Vallée de la chimie voyant son activité vouée à la délocalisation, et son site promis au démantèlement, elle tend vers une baisse de son intérêt pour les investisseurs et les populations. Ce pôle industriel va perdre de son impact que ce soit au niveau économique, social, ou urbain. Notre positionnement urbain porte alors sur 3 axes:
- – Affirmer et assumer le fonctionnement de la métropole et du territoire en rhizome, en recréant un pôle urbain important et attractif pour le grand Lyon, permettant la continuité, et l’extension de ce système, et donc de la ville jusque dans la Vallée de la chimie.
- – Favoriser le développement urbain de façon concentrique afin de freiner l’étalement urbain vers l’est, en créant une accroche attractive vers le Sud. Par son système de fonctionnement, elle permettra de se connecter à la ville mais aussi de planifier une extension de son système de façon continue.
- – Relier les communes de Pierre-Bénite et de St-Fons, afin de favoriser leur développement et leur accroche future avec la ville de Lyon. Cette liaison permettra aussi de créer une nouvelle cohésion entre différents sites enclavés et totalement déconnectés les uns des autres, ainsi que la revalorisation de sites naturels remarquables ignorés et oubliés.
MISE EN PLACE
Pour désenclaver le site, il faut relier entre elles les villes qui le constituent, car tout cela fera partie intégrante de la ville de Lyon dans le futur. Il faut aussi les relier à leur environnement naturel afin de valoriser l’ensemble des composantes du paysage : ville et nature. Mais s’appuyer sur le tissu industriel actuel ou la trame de St-Fons existante ne permet aucune connexion suffisamment puissante et viable pour permettre de franchir voie ferrée, périphérique et fleuve.
THEORIE DU RHIZOME
En s’appuyant sur l’analyse réalisée de la métropole lyonnaise, nous prenons le parti d’assurer la continuité du fonctionnement de la métropole en rhizomes, en adoptant une logique urbaine de pôles et de branches.
BRANCHE MAJEURE
À l’horizon 2072, l’industrie localisée sur le site aura disparu. Son activité aura muté ou se sera délocalisée. Les deux gares de Saint-Fons et de Pierre Bénite devront alors prendre de l’importance à l’échelle du territoire en se tournant vers la mobilité et le transport des personnes. Ces deux gares formeront donc les deux premiers pôles sur lesquels nous nous appuieront. Suivant la logique du rhizome nous décidons de relier ces pôles par une branche donnant ainsi une réalité à notre volonté de briser la fracture Est-Ouest, et de favoriser le développement urbain vers le Sud de l’agglomération.
BRANCHE PATRIMOINE
Toujours tournés vers le site, nous souhaitons encore en tirer avantage, mais de façon différente. Connaissant les qualités architecturales et le certain attrait des populations et des investisseurs vers les bâtiments industriels du siècle précédent (ex : Philharmonie de Hambourg, Caixa Forum, Sucrière) certains bâtiments du site doivent perdurer physiquement afin de devenir des témoins historiques du site. Les bâtiments les plus remarquables sont donc identifiés, formant de nouveaux pôles sur lesquels s’appuyer, et reliés par de nouvelles branches.
BRANCHE CONTRAINTES
Les deux axes routiers majeurs longeant Saint-Fons et Pierre Bénite constituent aujourd’hui une branche du rhizome métropolitain existant. L’identification de pôles stratégiques sur les limites de notre site permet de délimiter une partie de branche à traiter de façon singulière pour freiner les nuisances et renouer avec les berges. Cela permet de créer la première amorce de traitement positif pour l’extension urbaine vers le Sud.
BRANCHE INFRASTRUCTURES
La ville du futur se doit de posséder les infrastructures suffisantes pour que son réseau soit capable d’absorber les flux potentiels liés à son activité, à la présence et au passage de populations. La création sur le site d’infrastructures importantes instrumente un premier réseau de pôles que nous exploitons. Leur mise en relation crée une nouvelle branche du rhizome.
BRANCHE DESSERTE
Les points d’entrée et de sortie du site actuel et du futur aménagement sont considérés comme des points clés et donc comme pôles importants à traiter. Ils sont les garants de la continuité urbaine future et de sa lisibilité. Ils seront ainsi amenés à être très fréquentés. Une fois ces pôles connectés, leur relation forme des branches d’entrée et de sortie de qualité sur le site et permet de se relier aux trames existantes et à venir, au Nord et au Sud.
RHIZOME COMPLET
La superposition de tous les pôles et des branches qui les relient crée ainsi un nouvel aménagement du territoire en rhizome. Son fonctionnement est en cohérence avec l’organisation du reste de l’agglomération puisqu’il en reprend le principe fondamental. Cela permet une continuité de la ville et de l’aménagement urbain de façon logique et raisonnée.
Chacune de ces branches comporte des caractéristiques que nous avons définies, de leurs programmes , leurs fonctions, leurs typologies et morphologies jusqu’à leurs dilatations et leurs branches secondaires. Ces variations créent ainsi la mixité recherchée, particulièrement à leurs intersections où les règles établies provoquent une confrontation. L’architecture prend ainsi le relai pour créer les dernières coutures urbaines afin de donner une cohérence au projet urbain jusqu’à l’ échelle architecturale. Nous avons donc choisi d’illustrer cette stratégie sur une zone restreinte, la rive gauche du Rhône, coté St Fons.
VOIRIES
Les voiries ne sont pas prises en compte dans la conception primaire du projet urbain, afin de respecter les principes de formation du rhizome. En revanche, chaque branche et sous-branche formant des vides notamment grâce aux paramètres d’espacements de leurs bâtiments, il devient aisé de produire un plan de voirie fonctionnel et adapté aux besoins, tout en restant en cohérence parfaite avec les morphologies générées par les différentes règles. Evidemment, une certaine liberté permet de provoquer si nécessaire des accidents qui généreront des percées dans la branche concernée. Une hiérarchie de trois types de voies différentes s’établit : les primaires, larges et fréquentées, elles contournent le quartier et en permettent l’accès et la traversée. Les secondaires, qui permettent aux résidents de pouvoir circuler à l’intérieur du projet. Enfin les voiries tertiaires, qui desservent uniquement les parties privées et les logements. Les voiries piétonnes se situent dans les trois dimensions sur plusieurs niveaux, essentiellement dans la branche patrimoine et dans la branche liaison majeure.
ESPACES PUBLICS
A l’instar des voiries, ils ne sont pas pris en compte dans la conception primaire du projet, ni dans la formation des branches. Ils sont la conséquence de l’urbain généré, ce qui les rend évidents, nécessaires et irrémédiables. Les vides générés par les intersections des branches génèrent des espaces publics qui sont à la croisée des branches du rhizome, ce qui en fait des espaces de choix pour y installer des places ou des espaces utiles à la vie de quartier: halles et places de marchés, jardins.
plan masse : de la théorie à son illustration
3/ECHELLE DU QUARTIER
L’expérimentation de la conception du projet urbain sous la forme d’un rhizome propose plusieurs avantages. Elle permet un vrai mélange des fonctions et typologies, une équidistance des logements/parcs/équipements/, une conception de la ville en trois dimensions qui permet une occupation des sols efficace et un approfondissement de la densité. Nous avons appelé la croisée de ces rhizomes les «hubs», qui génèrent des espaces qui peuvent être interprétés de plusieurs manières, mais toujours selon les règles fixées de chaque branche. Ce qui génère des espaces riches et variés, tant dans les architectures que dans les usages mais toujours en cohérence urbaine dont nous avons fait quelques illustrations.